Usine
Dans l’usine où ils habitent

Depuis un an, des familles Roms se sont créées un véritable village avec les moyens du bord au sein d’une usine désaffectée à Villebon-sur-Yvette. Un endroit précaire, mais propre et organisé, qui pourrait bien disparaître avant la fin de l’année.
C’est un endroit caché à proximité du stade de Palaiseau, une enclave de Villebon-sur-Yvette près des cours de tennis. On y arrive par un chemin devenu pédestre, de grosses pierres bloquant l’accès aux véhicules. Puis au milieu de la verdure, on découvre ce bâtiment d’une trentaine de mètres de long, l’ancienne usine Galland devenue avec le temps lieu d’expression des artistes locaux, qui ont recouvert les lieux de graffs, tags et fresques multicolores. Sexion d’Assault a tourné un clip ici, et une adaptation d’une lettre de Stéphane Hessel en chanson et langage des signes y a été filmée. On pourrait presque croire avoir trouvé une friche artistique, sans la présence d’enfants devant l’usine qui nous indique que l’endroit est habité.
Ces familles sont arrivées au plus tôt il y a un an, durant l’été. D’une cinquantaine de personnes à l’origine, elles sont aujourd’hui au moins deux fois plus nombreuses, depuis qu’une partie des occupants expulsés de la plaine située à côté d’Auchan à Villebon les a rejoint. « Les « gentils » de l’usine et les « méchants » du champ, comme on les a catalogué, sont aujourd’hui mélangés, avec d’autres Roms venus d’anciens camps, notamment celui d’Évry, » détaille Claude Peschansky, du collectif de solidarité SAVALFERR.
Ce qu’on remarque en arrivant, ce n’est pas tant les déchets et encombrants mais le fait qu’ils soient tous proprement rangés : les quelques bennes à ordure mises à disposition par la mairie de Palaiseau sont utilisées, les ferrailles, qui sont récupérées, triées, et séparées du tout venant comme dans une déchetterie, laissant accès à une voie goudronnée nettoyée.
On entre par le côté du bâtiment pour découvrir un gigantesque lieu de vie, accessible et espacé, où résident plus d’une centaine de personnes de la communauté Rom. Bien qu’il soit à l’intérieur de l’usine, le campement est à ciel ouvert, un avantage en été pour faire circuler l’air mais un inconvénient dès que viennent la pluie et le froid.
Heureusement, les occupants se sont aménagés des logements avec des planches de bois, du carton, et à l’intérieur, de quoi installer un lit, une petite cuisine, un semblant de salon, et même un poêle pour se réchauffer. Une cinquantaine d’habitations ont ainsi été dressées, de tailles à peu près identiques, les unes collées aux autres et toutes numérotées. L’agencement donne l’impression d’un mini quartier avec des rues qui se recoupent, comme un village en système D.
L’espoir de l’école
Mais la débrouille ne peut pas combler tous les besoins, principalement l’eau et l’électricité. L’eau est disponible depuis que la mairie de Palaiseau a autorisé les Roms à se servir au gymnase voisin. Alors que les mères s’occupent de laver et d’étendre le linge, que les jeunes enfants font un brin de toilette, une ado charge deux bidons dans un chariot de supermarché pour aller les remplir au complexe sportif.
Pour l’électricité, l’accès est plus laborieux, sans aucun doute illégal, et l’installation clairement dangereuse : des câbles électriques se baladent entre les habitations comme des guirlandes, parfois à hauteur d’épaule. Une antenne parabolique fixée sur le toit de l’usine redistribue la télévision dans les logements connectés.
On croise des dizaines d’enfants, qui devraient être à l’école, mais qui dans les faits n’y sont jamais allés, traînés de camp en camp depuis des années. Seuls neuf d’entre eux sont inscrits à l’école primaire, dans une classe d’initiation pour non-francophones. La volonté des parents jouent beaucoup dans leur scolarisation, car nombreux comptent sur leurs enfants au quotidien. Mais les plus motivés ne sont pas forcément récompensés, à cause de démarches administratives qui souvent les dépassent – Ricardo, douze ans et demi, inscrit à l’école primaire l’année dernière, n’a pas encore été accepté au collège en raison de son âge -, quand ce n’est pas un refus de la municipalité de les intégrer. (lire notre article) « Le maire de Villebon venait avant le samedi pour parler avec les enfants, leur donner des bonbons, se rappelle Claude Peschansky. Il pensait que leur faire la classe suffirait pour leur éducation, alors qu’ils ont besoin d’apprendre à lire et à écrire. »
Acceptés mais gênants
La situation géographique de l’usine rend sa gestion compliquée pour les acteurs locaux : le terrain est accessible par Palaiseau mais appartient à Villebon. Les deux maires, Claire Robillard et Dominique Fontenaille, se sont donc mobilisés pour prendre en charge la présence des Roms. « Le dialogue a duré jusqu’à fin 2012 mais a cessé à mesure que la communauté grandissait, » confie Claude Peschansky, qui vient ici depuis plus d’un an.
Le collectif SAVALFERR joue souvent le rôle d’intermédiaire, quand il s’agit d’emmener les enfants à l’école Les Casseaux à plus de trois kilomètres, ou d’obtenir une Aide Médicale d’État pour les personnes malades. Aujourd’hui, il se bat pour que les Roms puissent rester dans l’usine Galland. « Le local a changé de propriétaire il y a plusieurs années. Il y avait un projet de construction immobilière resté en suspens dans le cadre du PLU (Plan Local d’Urbanisme), et parce les riverains n’en voulaient pas. » Le bâtiment a donc été délaissé pendant des années sans que ça ne dérange les habitants. « Mais depuis que les Roms sont présents, les avis ont changé. Le propriétaire a été prévenu de leur occupation des lieux, il a porté plainte, et 34 personnes sont maintenant assignées à comparaître devant le Tribunal d’Évry en vue d’une expulsion. »
Entre la scolarisation des enfants à Villebon, le bon entretien de l’usine, et d’autre part la réapparition d’un projet immobilier sur une propriété occupée, impossible de savoir dans quel sens la balance de la justice va pencher, et à quelle vitesse. Les Roms profitent d’un peu de sursis mais pourraient bien voir les CRS les forcer à partir d’ici novembre. « Et pas de trêve hivernale pour eux étant donné qu’ils sont installés illégalement. » De quoi apprécier d’autant plus un toit ouvert sur un ciel bleu, avant un automne sans doute rigoureux.
En collaboration avec Jérôme Lemonnier
Journaliste pour Essonne Info. Vous pouvez le contacter par mail (manuel@essonneinfo.fr)
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7 commentaires sur “Dans l’usine où ils habitent”
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c’est facile d’être gentille si on habite pas à coté..
J’habite à Villebon, ils ne m’ont jamais dérangé. J’espère qu’on pourra rapidement trouver un endroit décent pour les loger.
Entièrement d’accord avec vous Hélène J. C’est facile de faire de l’humanitaire chez les autres.
En effet, depuis début octobre, des roms se sont introduits par effraction dans une propriété privée en vente juste à côté de chez nous à Longjumeau et ont tout volé ce qu’il y avait à l’intérieur avant de la squatter. Les propriétaires ont porté plainte, mais le procès a été déjà reporté et la prochaine date est fixée au 20 février 2014(au mieux). Pendant ce temps-là, les incivilités et exactions se multiplient dans le quartier (vols, dégradations, mendicité plus qu’agressive…). Ils font exprès leurs besoins à côté de ma clôture et ils jettent leurs couches sales par la fenêtre. Cette magnifique propriété est devenue une décharge à ciel ouvert et est maintenant la plaque tournante de trafics en tout genre. Ils se sont même introduits dans mon jardin pour me voler. Ils agissent en toute impunité et se moquent ouvertement de nous car ils sont protégés par des associations pro-roms et leurs avocats qui s’en débarrassent loin de chez eux. Nous sommes les victimes des pouvoirs publics qui marchent sur des œufs et des associations complices dont les dirigeants vivent dans des quartiers résidentiels loin de « leurs » roms. C’est scandaleux de prendre le prétexte d’action humanitaire pour dépouiller les gens honnêtes de leurs biens et saloper l’environnement comme cela. Les roms sont des personnes sournoises qui mendient en larmoyant par devant et vous volent lâchement par derrière.Ils n’ont pas du tout le même sens de la propriété et de la propreté que nous et ne montrent aucune volonté de s’intégrer, car on leur donne tout, au pire, ils volent le reste.
Je ne suis pas raciste mais je n’aime pas les voleurs et les gens sales dénués du minimum de sens civique.
Que les personnes bien pensantes les prennent chez elles, je leur en fait cadeau!
J’adore ce genre d’article. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible.
Bien sûr, on ne parle pas de la crasse, des excréments, des tas d’ordures, de l’augmentation des vols, des cambriolages, des vols de métaux y compris le vol de bronze sur les plaques des cimetières, etc. Allez causer aux agents de la RATP de la gare de Palaiseau-Villebon, obligés de demander la venue d’un maître-chien pour assurer leur sécurité et celle des voyageurs.
Il y a suffisamment de Français qui vivent dans la misère sans avoir à supporter la misère d’importation. L’Union Européenne distribue des dizaines de millions d’euros à leurs pays d’origine, c’est à elle de surveiller le bon emploi de ces sommes au lieu de se contenter de les distribuer comme on le fait en Afrique. Ce sont les coquins qui en profitent, généralement amis avec les dirigeants de nos pays, et ce sont les citoyens qui trinquent deux fois. La première parce que l’argent public, c’est à dire nos impôts, ne sert qu’à grossir la fortune personnelle de salauds, puis la seconde quand nous devons supporter ceux qui devaient bénéficier de cet argent.
CA SUFFIT !
J’habite Palaiseau depuis + de 12 ans… J’éprouve sincèrement beaucoup de peine pour ces familles, surtout que des enfants grandissent dans des conditions dramatiques -en tant que parent on ne voudrait jamais faire subir ça à nos enfants-… Mais pourtant, ces familles apportent une dose de désagrément à nos vies « paisibles »… Pas plus tard qu’il y a 2 mois nous avons été vicitime d’un vol chez nous… nos voisins, d’une tentative de vol… Evidemment, on aurait tendance à les pointer du doigts… mais lorsqu’on les voit « vagabonder » dans des quartiers pavillonnaires, on est en droit de se méfier…
Il faut savoir qu’une personne travaillant pour le Tennis Club de Palaiseau a également été aggressée par leur communauté alors qu’elle les interdisait d’entrer au Club…
Alors, OUI, il faudrait trouver une solution définitive pour ces gens… de façon à retrouver une vie plus calme et plus propre, parce qu’en effet, les odeurs, les saletés sont toujours présentes dans ce camps… ARRETONS LES ARTICLES POLITIQUEMENT CORRECTS !!!
une chose est sure: il ya des bidons villes en france, en 2013, et la mairie a gauche de palaiseau ne fait strictement rien!
chers journalistes, inutile d’aller en afrique pour aller filmer la misere: on atout ce qu’il faut ici chez nous!
C’est drolement facile de dire cela lorsqu’on habite pas à coté et qu’on vit pas cela au quotidien, elle a cas les prendre chez elle helène