Le chef de la police de Montréal rejette le moratoire sur les contrôles de rue malgré les données sur le profilage racial

Le chef de la police de Montréal refuse d’imposer un moratoire sur les contrôles de rue malgré un deuxième rapport indépendant concluant que les personnes racialisées sont ciblées de manière disproportionnée par cette pratique.

Fady Dagher a fait ces commentaires jeudi après avoir rendu public un rapport indépendant rédigé par des chercheurs de plusieurs universités québécoises qui lui recommandent de suspendre temporairement les contrôles de police aléatoires. Un moratoire serait purement symbolique, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il préférait « des petits pas constants » pour lutter contre le profilage racial et s’assurer que les contrôles de police dans les rues respectent les droits des résidents.

« Je sais que je vais créer une certaine déception », a déclaré le chef de la police à propos de sa décision de rejeter le moratoire. « Mais je ne veux pas annoncer une mesure symbolique. Je veux résoudre le problème à la racine ».

Les chercheurs ont examiné les données de 2021 et ont constaté que les Montréalais autochtones étaient six fois plus susceptibles d’être interpellés que les Blancs de la ville. Les données ont montré que les Noirs étaient trois fois et demie plus susceptibles d’être interpellés que les Blancs, et que les Arabes étaient deux fois et demie plus susceptibles d’être interpellés par la police que les Blancs.

Un rapport publié en 2019 par les mêmes chercheurs, examinant les données entre 2014 et 2017, a identifié des inégalités similaires qui, selon eux, indiquent l’existence de « préjugés systémiques » au sein des forces de police.

En réponse, la police de Montréal a élaboré en 2020 une nouvelle politique interdisant les contrôles dans les rues « basés sur des critères discriminatoires » et exigeant des agents qu’ils expliquent les raisons pour lesquelles ils arrêtent les citoyens, entre autres mesures visant à réduire les disparités raciales.

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Les chercheurs, qui ont été mandatés par la police de Montréal pour mener les deux études, ont conclu dans le rapport de mardi que la politique n’a pas eu l’effet escompté. Les quatre chercheurs proviennent de l’Université du Québec à Montréal, de l’Université McGill, de l’Université de Montréal et de l’Université TÉLUQ.

Dagher a déclaré qu’il était inquiétant qu’il n’y ait pas de réel changement dans les statistiques depuis 2014 et a reconnu l’existence d’un racisme systémique au sein de la police. Il s’est engagé à s’attaquer à ce qu’il a qualifié de  » tâche longue et difficile  » et à mettre en œuvre les recommandations du rapport de jeudi afin de réduire le risque de profilage racial lors des contrôles de police.

Réagissant au dernier rapport, Fo Niemi, directeur du Centre de recherche-action sur les relations raciales, a qualifié de « préoccupantes » les disparités raciales persistantes dans les contrôles de police et a déclaré que les données prouvent qu’il y a des lacunes dans la politique de contrôle des rues de la police de Montréal. Il a encouragé la ville à continuer à travailler avec les communautés concernées pour « développer des moyens plus efficaces d’atteindre les objectifs collectifs de prévention du crime et de protection de la sécurité publique sans discrimination ».

L’organisation à but non lucratif Femmes autochtones du Québec a félicité M. Dagher pour avoir reconnu le racisme systémique. Sa présidente, Marjolaine Étienne, a déclaré qu’elle espérait que ses remarques « ouvriraient la voie à d’autres décideurs et institutions pour qu’ils fassent enfin le pas et reconnaissent l’existence d’un racisme et d’une discrimination systémiques au Québec ».

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Le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, a présenté en mars un projet de loi visant à lutter contre le profilage racial lors des contrôles de police.

Ce rapport de La EssonneInfo a été publié pour la première fois le 22 juin 2023.

Cet article a été réalisé avec l’aide financière de la bourse Meta et de la Bourse d’information de la presse canadienne.

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