
MONTRÉAL – Un juge de la Cour supérieure du Québec a rejeté mercredi la demande d’un groupe de défense des musulmans et d’une organisation de défense des libertés civiles de suspendre l’interdiction des salles de prière dans les écoles publiques.
L’Association canadienne des libertés civiles et le Conseil national des musulmans canadiens avaient soutenu que l’interdiction causait un préjudice irréparable aux élèves musulmans et qu’elle devait être suspendue immédiatement. Les élèves musulmans ne pouvaient pas attendre que la contestation juridique plus large soit portée devant les tribunaux, ont-ils déclaré.
Le juge Lukasz Granosik a reconnu que l’interdiction violait la liberté de religion et pouvait causer un préjudice irréparable aux étudiants musulmans. Mais il a déclaré que les groupes n’avaient pas démontré le besoin d’urgence car ils n’ont déposé leur demande de suspension qu’en juin, alors que l’interdiction est entrée en vigueur le 3 mai.
« Le délai n’est pas expliqué dans la procédure et reste inexplicable », a-t-il déclaré au tribunal mercredi.
Suite à des reportages sur au moins deux écoles de la région de Montréal autorisant les élèves musulmans à prier, le ministre de l’Éducation Bernard Drainville a interdit aux écoles d’offrir des espaces de prière dédiés, citant la politique de la province sur la laïcité institutionnelle.
En réaction, les groupes musulmans et de défense des libertés civiles ont intenté une action en justice au nom d’un élève de 16 ans d’une école secondaire de la région de Montréal, identifié comme « X » dans les documents de la cour. L’élève musulman, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, disposait d’un espace pour prier à l’heure du déjeuner, mais il a perdu cette possibilité après l’entrée en vigueur de l’ordonnance.
M. Granosik a déclaré qu’il n’était pas certain que l’élève soit immédiatement lésé par la règle, car les cours étaient terminés et les élèves n’étaient tenus d’être présents à l’école que pour passer les examens.
Le juge a déclaré que la constitutionnalité de l’interdiction soulevait de « sérieuses questions », mais il a ajouté que celles-ci seraient réglées au cours d’un procès en bonne et due forme. Il a déclaré que les violations constitutionnelles n’étaient pas suffisamment claires pour qu’il suspende la règle si tôt dans la procédure judiciaire.
« Il y a une collision frontale concernant l’utilisation de l’espace public, entre l’interdiction de la prière manifeste et de la pratique religieuse et le statut laïque de cet espace ; il est évident que l’atteinte à la liberté de religion se poursuit », a-t-il déclaré.
Au cours d’une audience mardi, un avocat du gouvernement a fait valoir que les élèves pouvaient quitter l’école pour faire la prière à l’heure du déjeuner, pour laquelle un espace avait été prévu auparavant.
En annonçant l’interdiction des espaces de prière, M. Drainville avait déclaré que les élèves seraient toujours autorisés à prier discrètement et silencieusement.
Mais les deux groupes ont fait valoir devant le tribunal mardi que les prières musulmanes nécessitent une action physique et que les élèves s’étaient sentis exclus et rabaissés pour avoir tenté de prier sur le terrain de l’école.
Stephen Brown, directeur général du groupe musulman, a déclaré que son organisation réexaminerait la décision.
« Ce n’est pas la fin », a-t-il déclaré lors d’une interview. « Nous avons travaillé très dur avec notre équipe juridique afin de présenter le dossier le plus solide possible. Nous allons examiner tout ce que nous pouvons faire pour aller de l’avant et tenter d’obtenir justice pour ceux dont les droits fondamentaux ont été violés par ce décret ».
Une porte-parole de Drainville a refusé de commenter la décision, invoquant la procédure judiciaire.
Ce rapport de La EssonneInfo a été publié pour la première fois le 14 juin 2023.

Fleury a un amour profond pour les jeux vidéo et le sport, deux passions qui ont façonné sa vie et tout ce qu’elle fait. En grandissant, Fleury était entouré de jeux vidéo et d’équipements sportifs et a rapidement développé un intérêt pour ces derniers. Elle est ainsi devenue rédactrice chez Essonneinfo sur ces thématiques.
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