
QUÉBEC – Le gouvernement québécois veut interdire la vente de produits qui ne sont pas destinés à durer et renforcer la capacité des consommateurs à réparer les produits qu’ils achètent.
L’obsolescence programmée et les mesures prises par les fabricants pour limiter la capacité des consommateurs à réparer leurs produits coûtent des milliers de dollars aux Québécois et nuisent à l’environnement.
« Il est normal que ces biens aient besoin d’être entretenus ou réparés de temps à autre. Ce qui n’est pas normal, c’est que les pièces de rechange ne soient pas disponibles ou que l’appareil se brise lorsqu’on tente de le réparer », a déclaré Kariane Bourassa, membre du gouvernement et adjointe au ministre de la Justice, à la presse à Québec.
Un projet de loi présenté jeudi par le ministre de la Justice de la province interdirait la vente de produits dont l’obsolescence est planifiée et obligerait les fabricants et les détaillants à s’assurer que les pièces de rechange et les services de réparation sont disponibles à un prix raisonnable pour les produits qu’ils vendent dans la province.
Si le projet de loi est adopté, les fabricants seront également tenus de veiller à ce que les produits puissent être réparés avec des outils ordinaires et sans causer de dommages irréversibles.
« Il est inacceptable qu’un appareil parfaitement fonctionnel soit équipé d’un dispositif qui l’empêche de fonctionner normalement après un certain temps », a déclaré le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, lors de la conférence de presse. « Il est également intolérable qu’un appareil électronique soit délibérément conçu de manière à limiter son évolution. L’impact négatif sur le portefeuille des Québécois ne peut être ignoré, pas plus que les répercussions sur notre environnement. »
Le projet de loi prévoit également la création d’une « garantie de bon fonctionnement » – un délai spécifique pour différents types de produits, notamment les réfrigérateurs, les ordinateurs, les téléphones portables et les climatiseurs, pendant lequel les fabricants seraient tenus de les réparer sans frais pour le consommateur.
Mme Jolin-Barrette a déclaré que la durée de cette garantie varierait d’un produit à l’autre et qu’elle n’avait pas encore été déterminée.
Le projet de loi prévoit également que les constructeurs automobiles veillent à ce que leurs véhicules puissent être réparés par n’importe quel mécanicien, et pas seulement par les concessionnaires affiliés, et qu’ils mettent à la disposition des propriétaires et des bailleurs à long terme, ou de leurs mécaniciens, les données relatives aux véhicules nécessaires pour diagnostiquer les problèmes.
Mme Jolin-Barrette a indiqué que le projet de loi comprenait également une mesure « anti-lémon » qui permettrait aux personnes ayant acheté un véhicule au cours des trois dernières années de faire déclarer ce véhicule « gravement défectueux » par un tribunal et d’annuler leur contrat d’achat si des problèmes majeurs persistent après de multiples tentatives de réparation.
Il a indiqué que la mesure proposée était la première du genre au Canada, mais que des mesures similaires existaient dans les 50 États américains.
Le projet de loi prévoit également la mise en place d’un chargeur universel qui devra être compatible avec tous les appareils électroniques. Cette étape a été franchie par l’Union européenne, qui exigera que la plupart des appareils électroniques portables fonctionnent avec des points de charge USB-C d’ici à la fin de 2024.
Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu’à 125 000 dollars pour une première infraction, a-t-il déclaré, ajoutant que ces amendes seraient doublées en cas de récidive. Les entreprises peuvent également se voir infliger une amende équivalant à quatre fois les bénéfices qu’elles ont réalisés à la suite d’une violation de la loi.
Alissa Centivany, professeur à l’université Western de London (Ontario), estime que le projet de loi québécois s’attaque à plusieurs des obstacles qui empêchent les gens de réparer leurs appareils, mais elle s’attend à ce que les fabricants s’y opposent.
« Il s’agit d’une avancée très intéressante. Qui sait comment cela va se dérouler, mais c’est un bon signe, et j’ai bon espoir qu’il sera couronné de succès. Et j’espère que d’autres provinces suivront l’exemple du Québec et proposeront des lois similaires », a-t-elle déclaré lors d’une interview.
Mme Centivany a indiqué que la Chambre des communes examinait également un projet de loi qui modifierait la loi fédérale sur le droit d’auteur afin de permettre aux gens de contourner les mesures de protection technologiques, également connues sous le nom de verrous numériques, afin de diagnostiquer les problèmes et d’effectuer des réparations. Ces verrous numériques ont été utilisés pour empêcher la réparation d’un large éventail de produits, des appareils de cuisine aux tracteurs agricoles.
Bien que cette loi soit un pas en avant, de nombreuses restrictions sur les réparations relèvent de la compétence des provinces, a-t-elle déclaré.
Pour Mme Centivany, la possibilité de réparer les produits serait bénéfique pour l’environnement et permettrait aux Canadiens d’économiser de l’argent en utilisant les produits plus longtemps.
« Le fait de pouvoir réparer nos appareils, ou de faire appel à un technicien tiers pour nous aider à réparer nos appareils, est également important pour le développement des compétences, la citoyenneté numérique, l’autodétermination, l’efficacité personnelle, le sentiment d’avoir un impact sur notre monde », a-t-elle déclaré.
Les partis d’opposition de la province ont déclaré qu’ils étaient ouverts à l’initiative gouvernementale de la Coalition Avenir Québec.
Ce rapport de La EssonneInfo a été publié pour la première fois le 1er juin 2023.
– Par Jacob Serebrin à Montréal, avec des fichiers de Thomas Laberge à Québec.

Fleury a un amour profond pour les jeux vidéo et le sport, deux passions qui ont façonné sa vie et tout ce qu’elle fait. En grandissant, Fleury était entouré de jeux vidéo et d’équipements sportifs et a rapidement développé un intérêt pour ces derniers. Elle est ainsi devenue rédactrice chez Essonneinfo sur ces thématiques.
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