
MONTRÉAL – La réforme de la loi linguistique du Québec continue de susciter des critiques et des contestations juridiques de la part de la communauté anglophone de la province, alors que d’autres dispositions entrent en vigueur jeudi, exactement un an après avoir reçu la sanction royale.
Alors que de nombreux éléments de la loi, communément appelée projet de loi 96, sont entrés en vigueur peu de temps après son adoption, d’autres ont été retardés. Il s’agit notamment des restrictions sur les communications avec le gouvernement provincial dans des langues autres que le français, des exigences en matière de langue française pour certains contrats et de l’obligation pour les petites entreprises d’indiquer au gouvernement le nombre de leurs employés qui ne parlent pas le français.
Le gouvernement du Québec a décrit la loi comme une réponse modérée à ce qu’il considère comme le déclin de l’utilisation du français dans la province, en particulier à Montréal. Le Premier ministre du Québec, François Legault, a déclaré à plusieurs reprises que le français serait toujours menacé en Amérique du Nord et qu’il voulait éviter que le Québec ne devienne comme la Louisiane, où peu de gens parlent français malgré l’histoire française de l’État.
Mais Eva Ludvig, présidente du Quebec Community Groups Network, a déclaré que les changements qui entreront en vigueur jeudi – et d’autres qui suivront – rendront la vie plus difficile aux Québécois anglophones. « Nous voyons maintenant l’impact d’un mauvais projet de loi, d’un projet de loi draconien », a-t-elle déclaré lors d’une interview. « Nous voyons ce que cela signifie réellement et l’impact que cela aura sur la vie quotidienne des gens d’affaires, des travailleurs ordinaires, des étudiants.
Voici trois des principaux changements qui entrent en vigueur :
La fonction publique doit utiliser le français « de manière exemplaire »
Chantal Bouchard, porte-parole de l’organisme chargé de veiller à l’application des lois linguistiques de la province, explique que ce changement signifie que, dans le cadre de leur travail, les fonctionnaires « doivent parler et écrire exclusivement en français, sauf dans certains cas ». Cette règle n’affectera pas l’accès aux soins de santé et aux services sociaux en anglais, a précisé Mme Bouchard.
Dans une directive adressée aux organismes gouvernementaux, le Département de la langue française de la province a déclaré que les autres exceptions comprennent les situations où la santé, la sécurité publique ou les principes de justice naturelle exigent l’utilisation de langues autres que le français.
« Nous ne laisserons personne en danger », a déclaré Jean-François Roberge, ministre de la Langue française du Québec, aux journalistes à Québec, mercredi, ajoutant que les services 911 seront toujours disponibles en anglais.
Des exceptions sont également prévues pour les autochtones, les personnes qui ont communiqué avec le gouvernement en anglais avant le dépôt du projet de loi en mai 2021 et les personnes qui ont droit à une scolarité en anglais au Québec. Les immigrants peuvent également être servis dans une autre langue, mais seulement pendant les six premiers mois de leur séjour au Québec.
M. Roberge a déclaré que le gouvernement s’appuierait sur la « bonne foi » des personnes qui s’identifieront comme appartenant à l’un des groupes exemptés. Il a précisé que les fonctionnaires poseront quelques questions pour s’assurer que les personnes ont le droit de recevoir des services en anglais, mais qu’ils ne délivreront pas de cartes d’identité anglophones.
À partir de jeudi également, les sites Web du gouvernement du Québec dont le contenu est en anglais afficheront des bannières informant les gens que le contenu est uniquement destiné aux personnes admissibles à recevoir les communications du gouvernement en anglais.
Les petites entreprises doivent déclarer le nombre d’employés qui ne peuvent pas communiquer en français
Cette exigence s’applique aux entreprises comptant entre cinq et 49 employés, et les données seront rendues publiques par le registre des entreprises de la province.
François Vincent, vice-président pour le Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, a déclaré que cette exigence entraînera davantage de paperasserie pour les propriétaires de petites entreprises à un moment où ils sont déjà confrontés à une pénurie de main-d’œuvre.
« Je pense qu’il est important que le gouvernement fasse preuve de souplesse », a-t-il déclaré. « Il devrait aider et soutenir les entreprises pour qu’elles obtiennent les informations dont le gouvernement a besoin sans leur imposer d’amendes.
D’autres dispositions visant à accroître l’utilisation du français dans les petites entreprises et à restreindre davantage l’utilisation de langues autres que le français sur les enseignes entreront en vigueur en juin 2025.
Les contrats d’adhésion doivent être présentés en français aux deux parties
Il s’agit de contrats types rédigés par l’une des parties, tels que les contrats de travail, les conventions collectives, les polices d’assurance, les contrats de franchise et les contrats de services téléphoniques.
Dès lors qu’un exemplaire en français a été présenté, les personnes peuvent décider de demander le contrat dans une autre langue.
Vincent a déclaré que cette mesure coûtera plus cher à ses membres s’ils doivent préparer deux exemplaires du même contrat et payer la traduction.
D’autres changements liés à la loi – y compris les exigences en matière de langue française pour les étudiants des collèges anglophones de la province – entreront en vigueur cet automne.
La loi fait l’objet de plusieurs contestations judiciaires, dont l’une a été déposée au palais de justice de Montréal mercredi.
Cette action, intentée au nom de six Québécois anglophones qui disent avoir déjà du mal à obtenir des services gouvernementaux en anglais et qui craignent que la situation ne se détériore à mesure que d’autres éléments de la loi 96 entreront en vigueur, vise à faire annuler de nombreux aspects de la loi.
« Le 1er juin, beaucoup de choses changeront », a déclaré Andrew Caddell, président du Groupe de travail sur la politique linguistique, l’organisme qui a intenté la poursuite, et l’un des six plaignants.
M. Caddell a déclaré à la presse qu’il craignait que les répercussions considérables de la loi ne fassent des Québécois anglophones des citoyens de seconde zone. « Nous pouvons protéger une langue et une communauté sans éliminer les droits d’une autre », a-t-il déclaré.
Ce rapport de La EssonneInfo a été publié pour la première fois le 1er juin 2023.

Fleury a un amour profond pour les jeux vidéo et le sport, deux passions qui ont façonné sa vie et tout ce qu’elle fait. En grandissant, Fleury était entouré de jeux vidéo et d’équipements sportifs et a rapidement développé un intérêt pour ces derniers. Elle est ainsi devenue rédactrice chez Essonneinfo sur ces thématiques.
Poster un Commentaire