
MONTRÉAL – Selon une nouvelle enquête, la pénurie de travailleurs qualifiés et de financement nuit à la capacité des fabricants à adopter de nouvelles technologies.
Dans un sondage réalisé par les Manufacturiers et exportateurs du Canada, 40 % des répondants n’ont pas encore entamé de transformation numérique ou commencent tout juste à le faire.
Un tiers des personnes interrogées ont indiqué que la pénurie de travailleurs qualifiés était un obstacle majeur à l’adoption de nouvelles technologies.
Dennis Darby, qui dirige l’organisation professionnelle, estime que les petites entreprises ont besoin d’être aidées par des crédits d’impôt qui réduisent les risques d’investissement et compensent le coût de la formation des employés.
« Nous avons besoin d’un soutien gouvernemental plus ciblé pour ces entreprises afin d’accélérer l’adoption des technologies dans notre secteur manufacturier ou de mettre en péril notre compétitivité économique et notre niveau de vie », a déclaré M. Darby dans un communiqué.
Le groupe industriel demande un crédit d’impôt fédéral à l’investissement de 10 %, assorti par toutes les provinces – il est déjà disponible dans les provinces de l’Atlantique et en Gaspésie – ainsi qu’un plus grand nombre de filières de formation professionnelle dans les écoles secondaires.
Dans son budget de printemps, le gouvernement fédéral a mis l’accent sur les technologies vertes en proposant un crédit d’impôt à l’investissement pour la fabrication de technologies propres d’un montant de 4,5 milliards de dollars sur cinq ans.
Les libéraux ont également dévoilé en novembre des plans visant à augmenter l’immigration, avec pour objectif d’accueillir 500 000 nouveaux Canadiens par an d’ici 2025, dont la majorité serait constituée de travailleurs qualifiés.
La pénurie actuelle de travailleurs explique en partie pourquoi un quart des personnes interrogées n’ont encore adopté aucune des neuf « solutions logicielles » – relatives à la gestion des entrepôts et à l’efficacité des équipements, par exemple – identifiées dans l’enquête. Dix autres pour cent ont évité les « technologies avancées » telles que la cybersécurité et l’informatique en nuage.
Le problème est particulièrement aigu dans les petites entreprises – un « problème majeur », puisque quelque 93 % des 52 000 fabricants du pays emploient moins de 100 personnes, selon Alan Arcand, économiste en chef du groupe professionnel.
« Leur tendance à être lentes à adopter la technologie affecte également l’ensemble de l’industrie, car de nombreuses petites entreprises fournissent des produits et des services à des sociétés plus importantes », écrit-il dans un rapport accompagnant l’enquête.
Cette lenteur d’adoption a entraîné une « faible productivité du travail », a-t-il ajouté.
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, le Canada s’est classé parmi les dernières économies avancées pour ce qui est de la croissance des investissements non résidentiels au cours des dernières années.
Les données de ce groupe de 31 pays, pour la plupart riches, révèlent qu’entre 2016 et 2020, le Canada a enregistré la deuxième plus faible performance en matière d’investissement des entreprises, l’investissement non résidentiel ayant chuté à un taux moyen de 1,8 % – bien que l’effondrement des investissements dans le secteur de l’énergie au cours de cette période puisse en être le principal responsable, a noté M. Arcand.
« Alors que les pénuries de main-d’œuvre poussent généralement les entreprises à investir dans les technologies d’automatisation, les pénuries de compétences agissent souvent dans l’autre sens en décourageant les fabricants de franchir cette étape cruciale », écrit-il. En effet, les compétences nécessaires pour gérer des processus de production plus sophistiqués et des technologies de fabrication complexes continuent d’évoluer à un rythme effréné.
« Les nouveaux arrivants ont non seulement besoin d’une formation spécialisée actualisée, mais aussi de la capacité de s’adapter et d’évoluer en fonction des progrès technologiques à venir. Mais sans une réforme de l’enseignement et un soutien accru des pouvoirs publics à la formation dispensée par les employeurs, les déficits de compétences resteront importants, ce qui réduira la propension à investir », a déclaré M. Arcand.
Réalisée ce mois-ci, l’enquête des Manufacturiers et Exportateurs du Canada est basée sur les réponses de 279 manufacturiers à travers le pays.
Ce rapport de La EssonneInfo a été publié pour la première fois le 30 mai 2023.

Fleury a un amour profond pour les jeux vidéo et le sport, deux passions qui ont façonné sa vie et tout ce qu’elle fait. En grandissant, Fleury était entouré de jeux vidéo et d’équipements sportifs et a rapidement développé un intérêt pour ces derniers. Elle est ainsi devenue rédactrice chez Essonneinfo sur ces thématiques.
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