Les séparatistes québécois cherchaient un moyen de relancer leur cause. Est-ce cela ?

MONTRÉAL – Depuis le référendum de 1995, le mouvement souverainiste québécois cherche une étincelle pour raviver la flamme sécessionniste. Un débat enflammé sur la politique d’immigration pourrait-il faire l’affaire ?

Ce qui est certain, c’est que certains de ses principaux partisans croient avoir trouvé un récit susceptible de donner un nouveau souffle à leur cause.

Le cœur de ce récit a plus à voir avec l’inquiétude suscitée par la perspective de voir le reste du Canada ouvrir les vannes de l’immigration qu’avec la volonté d’attiser les craintes anti-immigration au Québec même.

Si c’est ce dernier point qui est au cœur de l’argument, ses défenseurs pourraient avoir une bataille difficile à mener. Un sondage Léger réalisé cette semaine suggère qu’en matière d’immigration, les Québécois sont à peu près sur la même longueur d’onde que les autres Canadiens.

En effet, dans les médias francophones, il ne se passe pas une semaine sans que l’on entende un article déplorant que le ministère fédéral de l’Immigration ne cesse de mettre des bâtons dans les roues des efforts de la province pour attirer davantage d’immigrants francophones.

Mais la dernière discussion en cours, tant dans les médias que dans les cercles politiques, tourne autour d’une préoccupation plus familière, à savoir la crainte d’une perte d’influence du Québec au sein de la fédération.

L’argument est le suivant : le poids démographique de la province est appelé à diminuer fortement en raison des politiques d’immigration expansives du Canada.

Il est impossible pour le Québec de suivre le rythme de croissance de l’immigration dans le reste du pays et d’intégrer avec succès un nombre toujours croissant de nouveaux arrivants dans son espace francophone.

L’indépendance est donc le seul moyen pour le Québec de continuer à maîtriser son destin.

Sur la base de ce raisonnement, certains voudraient que le premier ministre François Legault renoue avec ses racines souverainistes et conduise la province vers un autre référendum et éventuellement vers la souveraineté.

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Dans une récente chronique du Journal de Montréal, Mathieu Bock-Côté – l’un des principaux intellectuels souverainistes de la province – a décrit cela comme un devoir moral.

Dire que Legault s’est jusqu’à présent montré tiède face à cette suggestion est un euphémisme.

Son gouvernement repose sur une alliance entre souverainistes et fédéralistes. Un mouvement dans le sens suggéré par certains de ses compagnons de route souverainistes mettrait en péril sa coalition.

Rien ne prouve non plus que les électeurs québécois soient plus enclins qu’ils ne l’ont été au cours des décennies qui ont suivi le référendum très disputé de 1995 à se prononcer à nouveau sur leur avenir politique.

À ce jour, le soutien à la souveraineté diminue avec chaque cohorte d’âge.

Mais cela ne signifie pas que M. Legault peut se permettre d’ignorer la perspective d’un renouveau souverainiste aux dépens de son parti nationaliste.

Avec seulement trois sièges à l’Assemblée nationale, le retour du Parti Québécois dans les ligues politiques majeures et, éventuellement, au gouvernement, peut sembler un peu plus qu’une chimère.

Mais depuis les dernières élections, le PQ a donné des signes de vie encourageants.

Son dernier chef, Paul St-Pierre Plamondon, est bien considéré en dehors des rangs de son parti et les sondages suggèrent que certains électeurs souverainistes pourraient revenir au bercail.

Il y a quelques semaines, le gouvernement Legault a annoncé qu’il abandonnait son projet de tunnel automobile pour relier la rive sud de Québec à la capitale provinciale.

Pour avoir rompu ce qui était une promesse emblématique lors des élections provinciales de l’automne dernier, la CAQ a subi un revers prévisible dans les intentions de vote.

Le PQ – même s’il s’est opposé au défunt projet de tunnel – a été le principal bénéficiaire de cette réaction, se hissant à la première place dans la région de la capitale provinciale pour la première fois depuis des décennies.

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Dans le même temps, on assiste à un rapprochement entre le Bloc Québécois et ses cousins provinciaux, le premier menant la charge à la Chambre des communes contre les politiques fédérales en matière d’immigration.

Pour la première fois depuis 2011, un chef péquiste prononcera un discours au congrès du Bloc Québécois ce week-end.

Même si les dirigeants souverainistes se concentrent sur l’augmentation prévue du nombre d’immigrants à l’extérieur de la province pour consolider leur position au Québec, ils ont des raisons de s’inquiéter sur le front intérieur.

Le vieillissement rapide de la population de la province et les pénuries de main-d’œuvre liées à la vague grise qui est sur le point d’engloutir le Québec signifient que son avenir économique repose, du moins en partie, sur l’attraction d’un plus grand nombre d’immigrants.

Que ce soit par l’attrition démographique ou par l’immigration, ou les deux, le Québec ne fera que se diversifier davantage à l’avenir.

Le mouvement souverainiste n’a pas encore réussi à convaincre les dernières générations de Québécois francophones de l’urgence d’obtenir l’indépendance politique du Canada.

Il n’a jamais réussi à rallier à sa cause des partisans qui ne sont pas nés au Québec.

La capacité des souverainistes à réaliser ce que leurs dirigeants considèrent comme le destin de la province est plus proche de nous que ne le laisse penser leur dernière dénonciation des politiques fédérales d’immigration.

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