Le coroner demande plus de formation après la noyade d’un pompier de Montréal lors d’un sauvetage

MONTRÉAL – Le coroner qui a enquêté sur la noyade d’un pompier de Montréal dans le fleuve Saint-Laurent en 2021 a conclu que les membres de l’équipe de sauvetage aquatique du service d’incendie étaient courageux, mais qu’ils n’avaient pas reçu la formation nécessaire.

Pierre Lacroix, 58 ans, était l’un des quatre pompiers qui se sont portés au secours de deux plaisanciers dont le moteur était tombé en panne et qui dérivaient vers les rapides de Lachine dans la soirée du 17 octobre 2021.

Le coroner du Québec, Géhane Kamel, a écrit qu’aucun des quatre pompiers n’était formé au sauvetage en eaux vives et qu’aucun des officiers du poste de commandement du service d’incendie qui supervisait l’opération n’avait de formation en sauvetage nautique.

« Il y a eu une victime », écrit Kamel dans le rapport publié jeudi en fin de journée. « Il aurait pu y en avoir six.

Lacroix et ses collègues se préparaient à remorquer le bateau de plaisance en lieu sûr lorsqu’une vague a fait chavirer leur bateau de sauvetage HammerHead, projetant les quatre pompiers à l’eau. Trois d’entre eux se retrouvent sous le bateau.

Les autres pompiers parviennent à s’extraire de l’eau, mais pas Lacroix, dont le corps est retrouvé le lendemain.

Kamel écrit que Lacroix a passé toute sa carrière – plus de 30 ans – dans une caserne de pompiers de l’arrondissement de Lachine, à Montréal, qui offre des services de sauvetage nautique.

« Malgré ses nombreuses années d’expérience, il n’avait aucune formation en navigation en eaux vives, et sa qualification en navigation de plaisance a été faite en piscine, écrit-elle. « Il n’avait pas non plus de formation pratique au remorquage de bateaux, ni à l’autosauvetage en eaux vives.

Les témoins l’ont décrit comme un pompier engagé, dévoué à sauver des vies, écrit-elle.

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Tout au long de son rapport, Mme Kamel a souligné la bravoure de M. Lacroix et de ses collègues, ainsi que leur engagement à sauver des vies, même au péril de la leur.

« Le soir des faits, même si la mission était périlleuse, les pompiers étaient déterminés à sauver les plaisanciers. L’un d’entre eux nous a dit : ‘Ils étaient devant nous, nous avions peut-être une vision étroite, mais nous étions déterminés à les ramener' », écrit-elle.

Le rapport de Mme Kamel met également en évidence des erreurs commises la nuit du sauvetage, notamment l’utilisation de fréquences radio différentes par la police, les garde-côtes et l’armée, ce qui a contribué à une opération de sauvetage chaotique.

Elle conclut que la mort de M. Lacroix est accidentelle, mais indique que le service d’incendie de la ville doit fournir à ses membres davantage de formation en matière de sauvetage aquatique, y compris une formation spécifique sur les sauvetages en eaux vives, et organiser des simulations de formation avec d’autres agences, telles que la Garde côtière et la police de la ville.

Chris Ross, président du syndicat qui représente les pompiers de Montréal, a déclaré que le syndicat réclamait depuis des années des améliorations en matière de formation et qu’il était regrettable qu’il ait fallu un décès pour que les choses changent.

« Même si nous sommes heureux de recevoir ce rapport, je dois admettre qu’il y a une certaine dose de colère et de déception qui nous a permis d’en arriver là », a-t-il déclaré lors d’une entrevue vendredi.

Selon M. Ross, les problèmes liés à l’insuffisance de la formation se retrouvent dans l’ensemble du service d’incendie de Montréal, qui a délaissé la formation pratique au profit de cours en ligne, par exemple.

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« Lorsque l’on parle d’un service d’incendie, on a besoin d’une formation pratique en direct, où l’on se salit les mains et où l’on met en pratique ce que l’on fait », a-t-il déclaré. « C’est ce qui vous permet d’exceller dans votre travail. Il se dit optimiste quant à l’amélioration de la situation au sein de la brigade de sauvetage aquatique, mais le changement n’a pas encore commencé.

M. Kamel recommande également que la province établisse des normes pour les sauvetages aquatiques effectués par les services d’incendie municipaux.

Parmi ses autres recommandations, la ville et la Garde côtière devraient veiller à ce que des panneaux avertissant des dangers soient installés dans des endroits visibles par les plaisanciers, et Transports Canada devrait revoir ses exigences en matière de permis pour les personnes conduisant des embarcations de plaisance.

Dans un communiqué de presse, le Service de sécurité incendie de Montréal a indiqué qu’il avait mis sur pied un comité d’instructeurs qualifiés pour revoir les services offerts par son équipe de sauvetage nautique et la formation que reçoivent ses membres.

« Ce comité intégrera les recommandations du coroner dans ses réflexions et ses propositions », a indiqué le service, ajoutant qu’il fait l’acquisition de 12 nouveaux bateaux de sauvetage nautique, qui entreront en service cette année.

Ce rapport de La EssonneInfo a été publié pour la première fois le 28 avril 2023.

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