Les compagnies aériennes n’ont pas laissé d’autre choix au gouvernement que de renforcer les droits des passagers : Ministre

MONTRÉAL – Le ministre des Transports, Omar Alghabra, déclare que l’utilisation par les compagnies aériennes de failles dans l’indemnisation des voyageurs « n’a pas laissé d’autre choix au gouvernement » que de renforcer les règles relatives aux droits des passagers.

Dans un contexte d’accumulation massive de plaintes, M. Alghabra a déclaré lundi que la pandémie de COVID-19 et le chaos des voyages au cours de l’année écoulée ont mis en évidence les lacunes de la charte libérale sur les droits des passagers. Les transporteurs invoquent souvent la sécurité pour justifier les annulations et les retards de dernière minute, ce qui les dispense de l’obligation de verser des compensations aux clients, a-t-il déclaré.

Lors d’une conférence de presse à Ottawa, le ministre fédéral a présenté des réformes qui obligent les compagnies aériennes à prouver que l’interruption d’un vol est due à des problèmes de sécurité ou à des raisons indépendantes de leur volonté.

« Cela signifie qu’il n’y aura plus d’échappatoires permettant aux compagnies aériennes de prétendre qu’une perturbation est causée par quelque chose d’indépendant de leur volonté pour des raisons de sécurité, alors que ce n’est pas le cas. Et ce ne sera plus au passager de prouver qu’il a droit à une indemnisation. Ce sera désormais la compagnie aérienne qui devra prouver qu’elle n’a pas à payer pour cela », a-t-il déclaré.

« Je pense vraiment que les compagnies aériennes n’ont pas laissé le choix au gouvernement, après ce que nous avons vu, de clarifier davantage les règles et de s’assurer que les droits des passagers sont protégés.

Lire aussi:  Agression de caractère. Mépris. Cette semaine nous a montré le visage hideux et narquois de la politique canadienne.

Actuellement, un passager a droit à une indemnisation comprise entre 125 et 1 000 dollars pour un retard de plus de trois heures ou une annulation effectuée dans les 14 jours précédant le départ prévu, sauf si la perturbation résulte d’événements indépendants de la volonté de la compagnie aérienne, tels que les conditions météorologiques, ou d’un problème de sécurité, tel qu’un problème mécanique. Le montant varie en fonction de la taille du transporteur et de la durée du retard.

Déposés à la Chambre des communes dans le cadre d’un projet de loi d’exécution du budget jeudi, les amendements portent également la sanction maximale pour les infractions commises par les compagnies aériennes à 250 000 dollars – soit une multiplication par dix – et mettent le coût réglementaire des plaintes à la charge des transporteurs. En théorie, la mesure incite les compagnies aériennes à améliorer leur service et à réduire ainsi le nombre de plaintes déposées à leur encontre.

La législation exige en outre que les compagnies aériennes mettent en place un processus de traitement des réclamations et qu’elles répondent aux plaintes par une décision dans les 30 jours. La mise en place d' »agents de résolution des plaintes » à l’Office des transports du Canada devrait également accélérer le processus de traitement des plaintes, de même que l’instauration d’un délai maximum de 60 jours pour le traitement des plaintes par l’autorité de régulation, selon certains défenseurs des droits de l’homme.

L’arriéré de plaintes à l’Office s’élève aujourd’hui à environ 45 000, soit plus du triple de l’année dernière, et nécessite en moyenne au moins 18 mois par dossier.

Lire aussi:  La maire de Montréal Valérie Plante témoignera dans le cadre d'un recours collectif contre le profilage racial

M. Alghabra a déclaré aux journalistes que les nouvelles dispositions n’étaient pas destinées à diaboliser les compagnies aériennes ou leurs employés, mais qu’il pourrait y avoir des personnes, principalement des compagnies aériennes, qui prétendent que nous les ciblons injustement.

Le Conseil national des compagnies aériennes du Canada, un groupe industriel représentant quatre des plus grands transporteurs du pays, a déclaré que le gouvernement devrait se concentrer sur d’autres priorités telles que la modernisation des aéroports et a averti que le coût des protections renforcées des passagers pourrait se répercuter sur les voyageurs.

Taylor Bachrach, porte-parole du NPD en matière de transports, a déclaré que la loi proposée laissait intactes les soi-disant lacunes en matière de sécurité et qu’elle ne respectait pas les normes européennes en matière de droits des passagers.

« Lorsque nous regardons le modèle européen, nous constatons qu’il fonctionne depuis plus d’une décennie. Je ne comprends pas pourquoi le ministre n’a pas choisi de s’inspirer de ce modèle. Il essaie de réinventer la roue et ce n’est pas nécessaire ».

Ce rapport de La EssonneInfo a été publié pour la première fois le 24 avril 2023.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*