
MONTRÉAL – Plus de six mois après son élection à la tête du Parti conservateur, Pierre Poilievre n’a toujours pas rencontré le premier ministre du Québec, François Legault, en tête-à-tête.
Le contraste est saisissant avec ses deux prédécesseurs immédiats. Malgré la pandémie, Erin O’Toole et Legault se sont rencontrés en personne moins d’un mois après que le premier soit devenu chef, en août 2020.
Andrew Scheer s’est présenté pour une rencontre avec le premier ministre deux petites semaines après que la CAQ ait été élue pour la première fois au gouvernement en 2018.
Il y a plus en jeu ici que les défis habituels liés à la concordance des agendas de deux politiciens très occupés.
Lorsque Poilievre et Legault se retrouveront autour d’une table, ils auront beaucoup moins de choses à se dire qu’ils n’en avaient en septembre.
En effet, il ne reste plus grand-chose du programme québécois qui a valu à O’Toole l’appui implicite du premier ministre lors de la dernière élection.
Au cours de la campagne à la direction, Poilievre a renoncé à la position de non-intervention du parti sur la loi controversée sur le sécularisme au Québec. En ce qui concerne le financement des soins de santé, il s’en tiendrait aux conditions fixées par le premier ministre lors de sa récente série de négociations avec les provinces.
Dans le même temps, de nombreux autres irritants qui prévalaient entre les deux gouvernements au moment des dernières élections fédérales ont été résolus.
À cet égard, le dégel en cours des relations précédemment glaciales entre M. Legault et le gouvernement de Justin Trudeau n’est rien de moins que remarquable.
- La faille dans l’Entente sur les tiers pays sûrs a été comblée, le chemin Roxham n’étant plus utilisé comme principal point d’entrée pour la migration irrégulière des États-Unis vers le Canada.
- Dans un développement improbable, les deux gouvernements ont réconcilié leurs législations linguistiques respectives, Legault soutenant désormais pleinement la Loi sur les langues officielles réécrite par Trudeau.
- Après des années de lobbying provincial, le gouvernement fédéral ajoute le chantier naval québécois Chantier Davie comme troisième chantier naval dans son plan d’acquisition de navires de plusieurs milliards de dollars. Dans le même temps, le budget fédéral et son plan pour une économie verte se traduisent par de généreux allègements fiscaux pour Hydro-Québec.
- Le mois dernier, M. Trudeau a approuvé le choix de M. Legault pour le poste de commandant en second de l’Organisation internationale de la Francophonie. L’ancienne députée bloquiste Caroline St-Hilaire a été défaite en tant que candidate vedette de la CAQ lors des élections québécoises de l’automne dernier.
Pour couronner le tout, M. Legault est revenu cette semaine sur la promesse de longue date de son parti de construire un tunnel automobile pour relier la capitale provinciale à sa rive sud.
Le plan révisé prévoit que l’infrastructure projetée soit réservée exclusivement au transport en commun. Selon les règles libérales actuelles, cela rendrait le projet éligible à une part du financement fédéral.
Pour le caucus québécois de M. Poilievre, l’étonnant revirement de la CAQ équivaut à une importante perte de plateforme. La promesse des conservateurs de soutenir le volet routier du plan original de troisième lien était un élément populaire de leur programme électoral local.
Et tandis que les conservateurs tentent d’atténuer la perte en rejetant une partie de la responsabilité de la décision de M. Legault sur M. Trudeau, le premier ministre lui-même ne pointe pas du doigt le gouvernement fédéral.
Pour les conservateurs au Québec, ce dernier développement survient à la suite d’une semaine difficile.
Jusqu’à présent, la vendetta de M. Poilievre contre la CBC était passée inaperçue dans la province. Mais cela a pris fin avec les derniers efforts du chef conservateur pour dépeindre la CBC comme un outil de propagande du gouvernement libéral.
Au Québec, la croisade très médiatisée de Poilievre a soulevé une foule de nouvelles questions sur la façon dont un gouvernement conservateur traiterait Radio-Canada.
Le fait que des réponses sérieuses n’aient pas été données n’aide pas. En effet, au lieu de défendre leur chef, les députés québécois ont couru se mettre à l’abri, refusant toute invitation des médias à s’étendre sur les intentions de leur parti.
Si la CBC manque de champions et d’audience dans de nombreuses régions du pays, ce n’est pas le cas au Québec, où bon nombre de ses programmes obtiennent les meilleures cotes d’écoute et où ses reportages sont considérés comme étant parmi les plus fiables.
En effet, la dernière fois que les conservateurs ont cru pouvoir marquer des points en s’attaquant à la hache (ou, dans ce cas, à une petite hachette) au budget de certaines institutions culturelles remonte à l’élection de 2008.
La réaction au Québec a été telle qu’elle a coûté à Stephen Harper sa position concurrentielle dans les sondages de la province et ce qui avait été une chance solide d’obtenir une majorité au gouvernement.
Qu’il suffise de dire que M. Poilievre – dont la position au Québec le place en concurrence avec Jagmeet Singh du NPD pour la dernière place parmi les principaux partis – ne s’est pas fait du bien à lui-même ni à son parti dans la province cette semaine.
En d’autres temps, de nombreux conservateurs feraient fi des perspectives déclinantes de leur parti au Québec en soulignant que les prochaines élections se dérouleront d’abord et avant tout en Ontario. Sauf qu’en gardant ses distances avec M. Poilievre, M. Legault suit en fait l’exemple du premier ministre Doug Ford.

Fleury a un amour profond pour les jeux vidéo et le sport, deux passions qui ont façonné sa vie et tout ce qu’elle fait. En grandissant, Fleury était entouré de jeux vidéo et d’équipements sportifs et a rapidement développé un intérêt pour ces derniers. Elle est ainsi devenue rédactrice chez Essonneinfo sur ces thématiques.
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