Le Québec a tort de s’en prendre aux salles de prière des écoles, qui offrent un refuge contre le harcèlement

Le récent décret du ministre de l’Éducation du Québec, Bernard Drainville, visant à interdire les salles de prière dans les écoles du Québec, démontre une fois de plus la posture islamophobe des élites politiques québécoises.

Ils créent des problèmes là où il n’y en a pas et utilisent les droits civils et les libertés des musulmans comme un punching-ball pour marquer des points politiques auprès d’une base d’électeurs québécois de plus en plus islamophobe.

Ayant grandi à Montréal, j’ai eu la chance de fréquenter une école secondaire publique qui accueillait les étudiants musulmans dans une salle de prière réservée à cet effet.

Le fait d’avoir une salle de prière dans mon école m’a permis de développer la fierté de mon identité en tant que musulman canadien. Cela m’a inculqué un sens aigu de la discipline et m’a aidé à développer un cadre moral avec des principes stables à respecter.

Il n’est pas exagéré de dire que l’existence d’un espace de prière à l’école a eu un impact positif sur ma vie.

Les valeurs que j’ai acquises au cours de ces années d’adolescence m’ont finalement guidé vers la profession d’enseignant, où j’ai enseigné au secondaire dans le système scolaire public du Québec pendant neuf ans.

Tout au long de cette période, j’ai travaillé avec le corps enseignant et le personnel de l’école pour mettre en place un espace de prière pour les élèves musulmans.

Cette petite salle de classe était utilisée par les élèves musulmans pour observer les prières rituelles. En outre, il s’agissait d’un espace sûr pour préserver leurs croyances et identités musulmanes dans une société qui leur fermait de plus en plus ses portes.

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C’est dans cet espace qu’une jeune fille musulmane a pu raconter à un collègue musulman comment elle avait été harcelée par un camarade et qu’on lui avait arraché son hijab. C’est dans cet espace que des jeunes hommes, constamment raillés et harcelés par des étudiants en raison de leur identité religieuse, ont pu se sentir à l’aise dans leur peau.

Des espaces de prière existent dans les écoles publiques de Montréal depuis les années 1990. J’en suis la preuve vivante.

Il n’est pas surprenant que le ministre de l’Éducation du parti au pouvoir, la Coalition Avenir Québec, n’en ait pas tenu compte, car cette question n’a jamais soulevé de préoccupations sérieuses ou de protestations publiques.

Jusqu’à ce que le voile d’ignorance de Drainville soit levé.

Le sentiment antimusulman et l’islamophobie sont une réalité troublante au Canada.

Selon les statistiques publiées lors du Sommet sur l’islamophobie du 22 juillet 2021 par le Conseil national des musulmans canadiens, le Canada a enregistré le plus grand nombre de décès de musulmans par rapport à tous les autres pays du G-7 au cours des cinq dernières années en raison d’attaques haineuses ciblées causées par l’islamophobie.

La plupart de ces décès ont été causés par le nationaliste blanc québécois Alexandre Bissonnette, qui s’est livré à une fusillade de masse dans une mosquée de Québec en 2017, tuant six musulmans et en blessant 19 autres.

Selon un récent sondage Angus Reid, 39 % des Canadiens ont des perceptions négatives à l’égard des musulmans et de l’islam. Au Québec, plus de 50 % de la population a des opinions anti-musulmanes.

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L’islamophobie est une réalité peu glorieuse au Canada, en particulier au Québec. La réaction viscérale des politiciens québécois à l’embauche d’Amira Elghawabi, la première représentante spéciale du Canada pour la lutte contre l’islamophobie, qui a osé laisser entendre que des formes systémiques de préjugés antimusulmans existent au Québec, en est une indication claire.

Le besoin d’espaces où les étudiants racialisés et vulnérables peuvent se sentir en sécurité, développer un sentiment de fierté à l’égard de ce qu’ils sont et exprimer leurs identités culturelles et religieuses est plus que jamais nécessaire pour préserver leur bien-être mental et physique.

Ce besoin d’espaces sécurisés ne peut être comblé en priant dans leur « tête », comme le suggère Drainville avec insouciance et ignorance.

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