
ROUYN-NORANDA, Qué. – L’annonce faite cette semaine que quelque 200 familles seraient relogées dans un quartier de Rouyn-Noranda contaminé par la pollution d’une fonderie a été accueillie avec anxiété et inquiétude par les personnes qui seront déplacées.
Alors que certains résidents du quartier Notre-Dame, dans la ville située à environ 630 kilomètres au nord de Montréal, y voient une chance de quitter un secteur où les émissions d’arsenic de la fonderie de cuivre Horne sont associées à un risque accru de cancer, d’autres accueillent le déménagement imminent avec tristesse et angoisse.
Ginette Bédard a ressenti toute la gamme des émotions au cours des derniers jours.
Depuis qu’elle a appris cette semaine qu’elle allait devoir quitter le quartier où elle vit depuis 30 ans, elle est passée de l’anxiété aux larmes, puis à la peur.
« Cela ne me convient pas du tout, où vais-je aller ? À mon âge ? À la retraite ? » dit Bédard, un ancien aide-soignant.
Le gouvernement du Québec a annoncé jeudi qu’il verserait 88,3 millions de dollars pour aider la ville de Rouyn-Noranda à créer un quartier, tandis que Glencore, la société propriétaire de la fonderie, achètera les propriétés et les terrains de vendeurs consentants dans la zone contaminée.
L’entreprise devra également réduire ses émissions pour atteindre un objectif de 15 nanogrammes par mètre cube d’ici 2027, contre un niveau de 100 nanogrammes par mètre cube autorisé en vertu d’un accord conclu en 2017 avec la province.
Lors d’une visite dans le quartier, La EssonneInfo a constaté que la neige était parsemée de particules noires à plusieurs endroits. La régie régionale de la santé de l’Abitibi-Témiscamingue a indiqué qu’une analyse est en cours et Glencore a déclaré que les particules sont des poussières provenant de concentré de cuivre.
Malgré les risques pour la santé liés à l’arsenic, et malgré les odeurs et le bruit de l’usine, Mme Bédard aime le quartier où résident également ses petits-enfants.
« J’étais bien ici. C’est tranquille. Je suis heureux, j’ai mes habitudes », a déclaré Bédard. « Maintenant (avec le déménagement), je suis complètement dans le noir. Je suis découragé. Je suis très triste.
Son loyer mensuel est de 550 $ et Mme Bédard affirme qu’elle ne pourra jamais trouver un autre appartement à ce prix.
« Il y a des gens qui sont dans une situation pire que la mienne dans le quartier, des pauvres qui sont en difficulté. Qu’est-ce qu’ils vont faire ?
Des habitants comme Audrey-Anne Dostie, qui vit à côté de Bédard, considèrent le déménagement comme une chance d’échapper à un endroit qu’ils jugent dangereux pour leur santé.
« J’ai pensé plusieurs fois à partir », a déclaré Audrey-Anne Dostie, précisant qu’elle souhaitait avoir des enfants un jour, « mais pas ici ».
L’une des raisons pour lesquelles elle et son partenaire ne sont pas partis est que les loyers sont élevés ailleurs et qu’il y a une pénurie d’appartements.
Entre-temps, les propriétaires devront négocier avec Glencore, qui achètera les propriétés et les démolira. La manière dont la société déterminera la valeur est en cours d’élaboration, a déclaré une porte-parole de la société.
Marie-Ève Duclos, propriétaire d’un immeuble de quatre logements, redoute un peu le processus de vente de sa propriété.
« Jusqu’à quel point, en tant que citoyenne, serai-je bien outillée une fois assise en face d’une multinationale comme Glencore pour négocier quelque chose ? » a demandé Mme Duclos. Elle s’inquiète également du sort de ses locataires.
« J’ai des locataires qui n’ont pas de voiture, ils ne peuvent pas être relogés en dehors de la ville », a déclaré Mme Duclos. « Ici, ils sont à proximité de tous les services, de l’hôpital, des écoles, de la pharmacie – c’est leur quartier, leurs attaches sont ici. C’est leur quartier, leurs attaches sont ici. Cela me préoccupe.
Jeudi, la ministre des Affaires municipales du Québec, Andrée Laforest, a assuré aux 200 familles qu’elles pourraient rester dans leurs maisons jusqu’à ce qu’une nouvelle résidence soit prête. Parmi les fonds alloués à la ville de Rouyn-Noranda, 58 millions de dollars sont destinés à la construction de nouveaux logements, mais il n’y a pas de calendrier d’exécution. Une aide sera également apportée aux personnes qui voient leur loyer augmenter.
Pour sa part, Mme Bédard est sceptique face aux assurances des politiciens et se demande si leurs actions seront à la hauteur de leurs paroles.
La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, se dit consciente de la tâche délicate qui les attend et assure que les résidents touchés seront tenus au courant tout au long du processus.
Ce rapport de La EssonneInfo a été publié pour la première fois le 18 mars 2023.

Fleury a un amour profond pour les jeux vidéo et le sport, deux passions qui ont façonné sa vie et tout ce qu’elle fait. En grandissant, Fleury était entouré de jeux vidéo et d’équipements sportifs et a rapidement développé un intérêt pour ces derniers. Elle est ainsi devenue rédactrice chez Essonneinfo sur ces thématiques.
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