Les députés de Justin Trudeau peuvent encore se précipiter vers la sortie, mais cette démission n’est pas le début d’une ruée.

MONTRÉAL-Dans une entrevue accordée à CTV plus tôt cette semaine, l’ancien ministre libéral Marc Garneau a décrit la défense des droits linguistiques de la minorité anglophone du Québec comme une « colline sur laquelle il vaut la peine de mourir ».

Garneau faisait référence à ses préoccupations concernant la version révisée de la Loi sur les langues officielles de son propre gouvernement et la porte qu’elle a ouverte à l’harmonisation de la législation fédérale sur le bilinguisme avec la loi linguistique du Québec.

En d’autres circonstances, ses propos combatifs auraient eu une forte résonance sur la Colline du Parlement, car ils auraient été interprétés à juste titre comme un signe que le Premier ministre Justin Trudeau n’avait pas encore réussi à résoudre les divisions internes du caucus que le projet de loi C-13 a mises en lumière.

Peu d’autres projets de loi gouvernementaux ont suscité autant de dissensions publiques dans les rangs libéraux.

Sauf qu’il s’agit d’une bataille à laquelle Garneau lui-même ne participera plus. L’ancien astronaute a accordé cette interview au lendemain de sa démission de la Chambre des communes.

Lorsque les votes sur la version finale du projet de loi C-13 seront comptabilisés à la Chambre des communes plus tard au printemps, le sien ne sera pas pris en compte. Il laisse à d’autres le soin de choisir de mourir sur la colline qu’il a décrite.

Ne serait-ce que pour cette raison, le moment choisi pour sa démission constitue une bonne nouvelle pour le gouvernement libéral, par ailleurs en difficulté.

Parmi la poignée de députés montréalais qui ont des réserves sur le C-13, Garneau – une star en soi en vertu de ses exploits en tant qu’astronaute, mais aussi de son mandat en tant que ministre de première ligne dans les cabinets précédents de Trudeau – avait le profil le plus élevé.

Son départ évite au gouvernement l’embarras de voir un député d’arrière-ban d’une telle envergure voter contre son projet de loi sur la langue. Et Garneau – qui s’est efforcé de dire qu’il n’était toujours pas d’accord avec le projet de loi C-13 mais qu’il ne le quittait pas pour autant – n’avait pas vraiment besoin d’une épreuve de force avec son propre gouvernement pour définir la fin d’une période productive de 15 ans en politique.

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Cela dit, personne ne s’attendait à ce qu’il se présente aux prochaines élections. S’il avait su qu’il serait écarté du cabinet après la dernière campagne, il y a fort à parier qu’il aurait pris sa retraite en 2021. Après avoir perdu son siège au cabinet, Garneau s’est vu offrir le poste d’ambassadeur en France, qu’il a refusé.

La circonscription de NDG-Westmount qu’il quitte est l’un des sièges libéraux les plus sûrs du pays. Les anciens chefs libéraux l’ont souvent utilisée pour obtenir une recrue de choix. Le départ de Garneau pourrait ouvrir la voie à une bataille d’investiture acharnée.

Compte tenu de tout ce qui précède, il serait erroné de voir dans la démission de M. Garneau le signal d’un prochain exode de députés libéraux de premier plan. Son cas est plus un cas unique qu’un élément d’une tendance émergente. Mais cela ne signifie pas qu’il sera le dernier à ne pas se représenter aux prochaines élections.

Si l’on se fie au passé, plus d’un député du gouvernement est en train de se demander s’il veut s’engager dans une nouvelle campagne. Cet exercice d’introspection ne se limite pas aux simples députés.

Dans la période précédant ce qui s’est avéré être sa dernière campagne, Stephen Harper a vu une demi-douzaine de ministres chevronnés refuser de se représenter. Il s’agit notamment de James Moore, Peter MacKay et John Baird.

La perspective que leur parti puisse se réveiller dans l’opposition au lendemain des prochaines élections est sans doute à l’origine de ces vagues de départs.

Mais il y a aussi le fait qu’après une décennie ou plus en politique, il est normal et essentiellement sain de se demander si le moment est venu de changer.

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Sur cette base, ce n’est probablement pas un hasard si l’on spécule aujourd’hui davantage en coulisses sur la question de savoir si la ministre des Finances Chrystia Freeland se représentera que sur ses perspectives de leadership.

La vice-première ministre de Trudeau ne manquerait pas de défis intéressants en dehors de la politique fédérale. Certains d’entre eux pourraient être plus attrayants que d’attendre que le premier ministre transmette un flambeau vacillant.

Pour conclure, un mot sur l’idée que se fait Trudeau de sa position : En début de semaine, il a justifié de manière assez remarquable sa décision de déléguer à un expert indépendant, qui n’a pas encore été nommé, la tâche de déterminer si une enquête publique devrait être chargée d’examiner le dossier de l’ingérence électorale de la Chine.

En réponse à un barrage de critiques de la part des partis d’opposition, M. Trudeau a fait valoir que s’il avait pris l’initiative d’ouvrir une enquête, un nombre important de Canadiens auraient conclu que le gouvernement plaçait les dés en sa faveur.

Mais si le premier ministre croit sérieusement qu’il n’a plus l’autorité morale suffisante pour procéder à quelque chose d’aussi élémentaire que la création d’un organisme indépendant chargé de faire la lumière sur ses actions et celles de son gouvernement, comment peut-il penser qu’il est encore apte à occuper son poste actuel ?

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