Un député ontarien s’en prend à ses collègues libéraux pour avoir critiqué de façon  » honteuse  » la loi sur la langue

OTTAWA – Un député libéral de l’Ontario a critiqué les membres de son caucus, mardi, alors qu’un débat sur les changements proposés au régime des langues officielles du Canada a mis en évidence un clivage dans les rangs du parti au pouvoir.

Francis Drouin, député de la circonscription de Glengarry-Prescott-Russell, dans l’est de l’Ontario, s’est servi de Twitter pour fustiger ses collègues de Montréal qui ont fait preuve d’un manque d’intérêt « honteux » à l’égard du projet de loi proposé par leur gouvernement pour mettre à jour la Loi sur les langues officielles, qui pourrait nuire aux droits des anglophones au Québec.

« L’île de Montréal n’a pas le monopole de la politique linguistique au Canada », a écrit M. Drouin en français. « La désinformation n’a pas sa place dans ce débat ».

Drouin n’a pas répondu à une demande d’interview du Star mardi. Mais il semble faire référence aux députés libéraux – y compris le député montréalais et ancien ministre Marc Garneau – qui ont exprimé des inquiétudes quant au fait que les droits linguistiques des anglophones sont bafoués par la législation telle qu’elle est actuellement rédigée. Drouin a été cité dans Le Droit mardi, disant que leurs craintes ne sont pas fondées, et que le français est réellement menacé.

Le Bloc Québécois s’est emparé de ces commentaires pendant la période de questions, lorsque le député bloquiste Alain Therrien a demandé pourquoi un libéral de l’Ontario défendait les francophones au lieu du premier ministre Justin Trudeau ou de son lieutenant québécois, Pablo Rodriguez.

Cela a provoqué des hurlements sur les bancs de l’opposition lorsque la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas-Taylor, s’est levée pour prendre la parole au lieu de Rodriguez. Des rangées de députés conservateurs et bloquistes se sont levés et ont scandé son nom : « Pablo ! Pablo ! Pablo ! »

L’affichage a marqué le dernier point chaud dans le brouhaha politique actuel sur les droits linguistiques, alors que les gouvernements fédéral et québécois ont pris des mesures pour mieux protéger et encourager l’utilisation du français.

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Tout comme les changements controversés apportés par la province à la charte de la langue française du Québec l’année dernière, l’effort fédéral, le projet de loi C-13, a suscité l’inquiétude des groupes anglophones du Québec. Eva Ludvig, présidente intérimaire du Quebec Community Groups Network, a déclaré que le projet de loi risquait de rompre avec la politique canadienne d’égalité linguistique en donnant la priorité au français sur l’anglais, ce qui éroderait les droits linguistiques de la minorité anglophone du Québec.

« Les Québécois anglophones se sont tournés vers le gouvernement fédéral pour obtenir une reconnaissance et un soutien, et cela érode cette notion d’égalité de soutien de la part du gouvernement fédéral », a-t-elle déclaré au Star.

Dans sa forme actuelle, le projet de loi C-13 modifierait la Loi sur les langues officielles du gouvernement fédéral afin de garantir que les entreprises sous réglementation fédérale, comme les banques et les compagnies d’assurance, dans les régions à prédominance française comme le Québec, offrent des services et des lieux de travail en français. Le préambule du projet de loi indique également que la charte de la langue française du Québec « prévoit que le français est la langue officielle du Québec ».

La semaine dernière, les députés libéraux membres d’un comité parlementaire chargé d’étudier le projet de loi C-13 ont exprimé leur indignation lorsque les partis d’opposition ont bloqué leurs efforts visant à supprimer les références à la charte de la langue française du Québec dans le projet de loi. Dans un message sur médias sociaux après la réunion du comité de la semaine dernière, M. Garneau a accusé l’opposition d’abandonner les anglophones de sa province en votant pour que la charte linguistique controversée du Québec reste « enchâssée » dans le projet de loi fédéral.

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M. Garneau n’a pas répondu à une demande d’entrevue mardi.

Un autre député libéral de Montréal, Anthony Housefather, qui a décliné une demande d’entrevue du Star mardi parce qu’il est en voyage, a déclaré à la Gazette de Montréal la semaine dernière que la loi, dans sa forme actuelle, créerait une « approche asymétrique » où les Québécois français et anglais ne sont « plus égaux ».

Suite à la condamnation de tels commentaires par Drouin, Mme Petitpas-Taylor a déclaré que les libéraux ont promis une telle loi en 2020 et ont remporté les élections de l’année suivante avec cette promesse dans leur plateforme. Elle a toutefois ajouté qu' »il est important de débattre de nos lois et il est important que nos députés aient à partager leurs points de vue. »

Marc Miller, un autre député libéral de Montréal qui est ministre des Relations Couronne-Indigène, a déclaré aux journalistes mardi que « vous avez vu très publiquement ce qui se passe au sein du caucus » et que le débat sur la façon de protéger les communautés françaises « fragiles » du Canada a clairement touché une corde sensible.

Le débat sur la façon de protéger les communautés francophones « fragiles » du Canada a manifestement touché un point sensible. « Cela ouvre beaucoup de vieilles blessures avec lesquelles ma génération a grandi, particulièrement dans les années 80, alors que les guerres linguistiques caractérisaient une grande partie du paysage politique », a-t-il dit.

« C’est très émotionnel pour beaucoup de gens. C’est donc ce que vous voyez ».

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