D’éminents Québécois plaident pour que l’on donne une chance au représentant fédéral contre l’islamophobie.

MONTRÉAL – Une lettre d’appui signée par 30 éminents Québécois, dont des universitaires, des militants et des leaders communautaires, demande qu’Amira Elghawaby ait la chance de remplir son mandat de première représentante spéciale du Canada pour la lutte contre l’islamophobie.

Les politiciens provinciaux du Québec et le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet ont demandé la démission d’Elghawaby pour un article de 2019 qu’elle a coécrit, critiquant la loi 21 du Québec et affirmant qu’une majorité de Québécois semblent être « influencés » par le sentiment anti-musulman. Cette loi, adoptée en 2019, interdit à certains travailleurs du secteur public – comme les enseignants et les juges – de porter des symboles religieux au travail.

La lettre datée de vendredi reconnaît les préoccupations soulevées par la classe politique québécoise depuis sa nomination la semaine dernière, mais souligne ses excuses et son désir exprimé de poursuivre le dialogue.

« Nous sommes sensibles aux préoccupations qui ont été soulevées depuis sa nomination, mais le défi qui l’attend est considérable et nous pensons que Mme Elghawaby devrait avoir la possibilité d’assumer et de poursuivre le mandat pour lequel elle a été nommée », indique la lettre.

Mercredi, Mme Elghawaby a présenté ses excuses, se disant « extrêmement désolée » de la façon dont ses paroles ont été portées et de la manière dont elles ont blessé le peuple québécois.

La lettre disait : « Nous sommes prêts à contribuer à un dialogue constructif autour de ces questions complexes et sensibles et nous nous engageons à contrer les préjugés de toutes sortes. »

Parmi les personnes qui ont signé la lettre figurent l’avocat constitutionnel Julius Grey, le philosophe Charles Taylor et Boufeldja Benabdallah, cofondateur de la mosquée de Québec où six hommes ont été abattus en 2017 lors d’une attaque antimusulmane.

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Le Anti-Hate Community Leaders’ Group, une organisation militante basée en Ontario, a également publié une lettre de soutien à la nomination d’Elghawaby. Il a déclaré qu’après avoir travaillé avec Elghawaby pendant plus d’une décennie, il n’y a personne de mieux placé pour le poste fédéral.

« Nous exhortons le gouvernement fédéral, les autres représentants élus et les membres de la communauté à laisser Amira faire son travail indispensable au lieu de faire de la politique. L’islamophobie a déjà coûté la vie à trop de personnes au Canada et nous devons agir rapidement », écrit le groupe.

Le Premier ministre Justin Trudeau a soutenu la décision de nommer Mme Elghawaby à ce poste, affirmant qu’elle est la bonne personne pour aider les Canadiens à faire face aux questions difficiles sur la religion.

Le 26 janvier, un communiqué de presse annonçant sa nomination indiquait que la représentante spéciale du Canada pour la lutte contre l’islamophobie « agira en tant que championne, conseillère, experte et représentante afin de soutenir et d’améliorer les efforts du gouvernement fédéral dans la lutte contre l’islamophobie, le racisme systémique, la discrimination raciale et l’intolérance religieuse ».

Ce reportage de La EssonneInfo a été publié pour la première fois le 3 février 2023.

Ce reportage a été réalisé avec l’aide financière de la bourse d’information Meta et Canadian Press.

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