Le fondateur de L’Arche, Jean Vanier, a abusé sexuellement d’au moins 25 femmes, selon un rapport indépendant.

Le cofondateur canadien de la célèbre organisation internationale L’Arche a abusé sexuellement d’au moins 25 femmes, selon un rapport publié lundi.

Jean Vanier, décédé en 2019, a fait l’objet d’une enquête indépendante de plusieurs années par des chercheurs dont le rapport indique qu’il a exploité des personnes en quête de conseils spirituels à des fins sexuelles.

L’Arche a été fondée en 1964 en France mais s’est étendue à de nombreux autres pays. L’organisation à but non lucratif vise à soutenir et à mettre en relation les personnes vivant avec un handicap intellectuel. La deuxième communauté de L’Arche a été fondée en Ontario en 1969.

Le rapport détaillé se penche sur les vies de Vanier et de Thomas Philippe, que le rapport qualifie de « père spirituel » de Vanier et qui aurait également abusé sexuellement de femmes.

Selon le rapport, c’est dans un « microsystème » entourant les deux hommes que les abus ont été commis. Aucune personne présentant une déficience intellectuelle n’a été découverte comme ayant été abusée, ajoute le rapport. L’abus était limité au « noyau sectaire » autour de Philippe et Vanier.

Le rapport final, qui compte plus de 900 pages, confirme les accusations rendues publiques en 2020. Des chercheurs indépendants – dont des experts en sociologie, histoire, psychiatrie, psychanalyse et théologie – ont mené 119 entretiens avec quelque 90 interlocuteurs pendant deux ans.

Le rapport précise que le petit noyau d’abus « ne s’est pas étendu au-delà d’un cercle très étroit de personnes dont les situations sont largement documentées dans le rapport. »

« Vingt-cinq femmes majeures, célibataires, mariées ou consacrées, et sans handicap, ont été identifiées comme ayant vécu, à un moment donné de leur relation avec Jean Vanier, une situation impliquant un acte sexuel ou un geste intime entre 1952 et 2019 », indique un communiqué de L’Arche internationale.

Lire aussi:  La police recherche les victimes d'un incendie dans le Vieux-Montréal : un mort, six personnes portées disparues

« Certaines se sont présentées comme des victimes d’une relation abusive, d’autres comme des partenaires consentantes dans une relation transgressive. Certaines de ces femmes sont aujourd’hui décédées. Dans leur diversité, ces relations, parfois concomitantes, s’inscrivent toutes dans un continuum de confusion, de contrôle et d’abus. »

Vanier a rejoint le centre de formation L’Eau vive, financé par Philippe en 1945, dans les années 1950, lorsque sa vie s’est tournée davantage vers « le dévouement à Dieu », selon le rapport. Philippe, un dominicain et un leader spirituel, et Vanier sont devenus profondément liés spirituellement à cette époque.

Des religieuses et des jeunes femmes ont été victimes de ce que Philippe considérait comme des « grâces », c’est-à-dire des pratiques sexuelles bizarres auxquelles il adhérait.

Selon Philippe, « tout commencerait en 1938 alors qu’il enseigne à l’Angelicum de Rome, où il considère avoir reçu des « grâces très obscures » caractérisées par l’implication d' »organes sexuels ». Il aurait alors fait l’expérience d’une union mystique avec Marie », précise le rapport.

« Il ressent le besoin de transmettre ces ‘grâces’ à d’autres personnes et développe des arguments théologiques pour justifier ses pratiques sexuelles avec des religieuses ou des jeunes femmes laïques aspirant à une vocation religieuse. »

Vanier est « initié aux pratiques sexuelles de son père spirituel et au développement de ses qualités de leader en tant que nouveau responsable de L’Eau vive » au cours des années 1950, poursuit le rapport.

Vanier devient un fidèle dévot de Philippe, que le rapport désigne comme le « maître spirituel » de Vanier. »

Pendant des années, loin des abus, Vanier, le fils de l’ancien gouverneur général Georges Vanier, a eu une réputation publique élogieuse : « Un charisme de douceur, de paix, de tendresse et de charité, une attention portée aux personnes handicapées, une éloquence qui touche les cœurs, l’accompagnement des personnes sur le chemin de Dieu et de la libération intérieure, le service des plus pauvres, des plus faibles, des parias. »

Lire aussi:  La ville de Québec lance une offensive de charme pour accueillir la série populaire de HBO "The White Lotus".

Mais loin des yeux du public, il a commis des abus sexuels en utilisant un réseau secret d’hommes et de femmes qui faisaient partie de ses pratiques bizarres.

« Après plus de deux ans d’enquête, la commission a pu analyser les mécanismes déployés par Thomas Philippe et Jean Vanier : influence, abus sexuels, délire collectif, déviation de notions au cœur du christianisme, représentations incestueuses de la relation entre Jésus et Marie », conclut le rapport.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*