MONTRÉAL – Une femme qui allègue une inconduite sexuelle de la part d’un éminent cardinal québécois a révélé son identité et accuse l’Église catholique romaine de tenter de la réduire au silence par des « menaces et de l’intimidation ».
Paméla Groleau n’avait été identifiée que sous le nom de « F » dans les documents judiciaires dans le cadre d’un recours collectif déposé en août contre l’archidiocèse de Québec.
Mais dans une déclaration écrite publiée vendredi, elle a déclaré vouloir être connue sous son véritable nom. Mme Groleau a déclaré qu’elle avait initialement gardé son identité secrète pour protéger sa famille, son emploi et sa santé mentale.
« Je mène ce combat pour retrouver ma dignité, qui m’a été arrachée, mais aussi et surtout parce que je suis membre et représentante de cette église, et que je crois encore en sa pertinence », a-t-elle déclaré dans le communiqué. Elle travaillait comme agent pastoral laïc dans l’archidiocèse de Québec au moment des agressions présumées et occupe maintenant un rôle similaire dans un autre diocèse.
Mme Groleau a déclaré que le processus de dénonciation des abus commis par des membres du clergé doit être modifié afin que des personnes comme elle n’aient pas à recourir aux tribunaux civils. Les autorités ecclésiastiques, a-t-elle dit, doivent « confronter les abus plutôt que de les nier » et accueillir les victimes qui se présentent avec des mécanismes « neutres, impartiaux, indépendants, rigoureux et professionnels. »
Dans la poursuite, Mme Groleau accuse le cardinal Marc Ouellet de plusieurs incidents d’agression sexuelle entre 2008 – alors qu’elle avait 23 ans – et 2010, notamment d’avoir glissé sa main dans son dos et de lui avoir touché les fesses lors d’un événement à Québec.
« Je fais ce combat pour moi mais aussi pour toutes les victimes du clergé qui, depuis des décennies, cherchent à être entendues et reconnues », a-t-elle déclaré dans son communiqué.
Les allégations n’ont pas été testées devant les tribunaux et, le mois dernier, Mme Ouellet a contre-attaqué Mme Groleau en Cour supérieure du Québec pour diffamation, niant les allégations et réclamant 100 000 $ de dommages et intérêts. Dans une courte déclaration distribuée par son avocat vendredi, M. Ouellet a réaffirmé qu’il n’avait jamais commis les actes allégués par Mme Groleau.
Dans sa contre-poursuite, M. Ouellet a déclaré qu’il ne se souvient pas d’avoir jamais rencontré Mme Groleau. « Il ne la connaît pas », indique la poursuite. Dans une déclaration sur le site Vatican News en décembre, il a dit qu’il la poursuivait « afin de prouver la fausseté des allégations » et de rétablir sa réputation et son honneur. »
Justin Wee, l’un des avocats représentant Groleau et les 140 autres plaignants dans le recours collectif, a déclaré que c’était la première fois qu’il entendait parler d’un prêtre poursuivant une victime présumée pour diffamation. « Nous avons entendu dire que certains prêtres au Québec ne sont pas heureux de ce procès », a déclaré Wee dans un courriel. « Et ce n’est certainement pas le message que le pape essayait de faire passer lorsqu’il a demandé que l’église écoute les victimes d’abus ».
Dans une déclaration envoyée par courriel, l’archidiocèse de Québec a dit avoir confiance dans le processus indépendant et confidentiel mis en place pour traiter les allégations d’inconduite sexuelle.
Mme Groleau a refusé une demande d’interview vendredi. Dans sa déclaration, elle a invité d’autres citoyens à faire pression pour des changements, « pour exiger que le Vatican et les diocèses modifient leur processus et collaborent de manière ouverte et transparente avec les victimes et leurs représentants ».
Ce reportage de La EssonneInfo a été publié pour la première fois le 13 janvier 2023.
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Ce reportage a été réalisé avec l’aide financière de la bourse d’information Meta et Canadian Press.
Fleury a un amour profond pour les jeux vidéo et le sport, deux passions qui ont façonné sa vie et tout ce qu’elle fait. En grandissant, Fleury était entouré de jeux vidéo et d’équipements sportifs et a rapidement développé un intérêt pour ces derniers. Elle est ainsi devenue rédactrice chez Essonneinfo sur ces thématiques.
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