Il était, pour les grands et les bons du football d’élite, simplement « le numéro 8 ».
« Je suis désolé mais j’ai oublié son nom », s’est exclamé Luis Enrique, après que l’équipe d’Espagne qu’il entraînait venait d’être éliminée de la Coupe du monde par le Maroc, « mais le numéro 8 était une surprise très impressionnante. Il n’a jamais cessé de courir. Il a tellement bien joué ».
Et puis il y a Jose Mourinho, qui connaissait quelques détails supplémentaires sur l’impressionnant numéro 8. Le manager de la Roma, dont le Portugal natal serait le prochain sur la liste des conquêtes du Maroc grâce à leur parcours historique jusqu’aux demi-finales de Qatar 2022, a révélé son admiration. « Le numéro 8, qui joue à Angers, était absolument incroyable », a déclaré Mourinho dans une interview.
« Ma parole », soupire Luis Enrique, « d’où vient ce type ? »
La réponse à cette question est son propre conte de fées, car Azzedine Ounahi, 22 ans, le numéro 8 marocain industrieux, créatif et audacieux, jouait, il y a à peine 19 mois, en troisième division française pour Avranches. Son ascension au cours des six dernières semaines a été fulgurante. La vraie question n’est pas tant « d’où vient ce gars ? » que « où va-t-il aller ? ».
Il est inhabituel qu’une Coupe du monde moderne soit une véritable vitrine pour les talents. La plupart des clubs qui investissent massivement dans les transferts disposent de vastes réseaux de scouts qui se consacrent à l’identification du potentiel des joueurs alors qu’ils sont encore adolescents, armés de séquences télévisées des tournois de jeunes les plus éloignés et d’analyses de données fournies par des agences spécialisées.
Mais les talents moins connus du Maroc ont surpris de nombreux entraîneurs autres que Luis Enrique pendant la Coupe du monde. Plusieurs Marocains sont sur le point d’animer la fenêtre des transferts d’hiver lorsqu’elle s’ouvrira début janvier.
A Angers, le succès du Maroc est une arme à double tranchant. Sous contrat au club, Soufiane Boufal, l’ailier qui a donné un souffle constructif à l’équipe de Walid Regragui, bien organisée et sûre d’elle, lors des victoires éclatantes contre la Belgique, l’Espagne – aux tirs au but – et le Portugal, ainsi qu’Ounahi, que le club a eu la clairvoyance de faire signer en provenance d’Avranches à l’été 2021 et, un an plus tard, de prolonger son contrat jusqu’en 2026.
Boufal, dont le contrat expire en 2024, a indiqué qu’il souhaitait partir et, à 29 ans, s’engager rapidement dans un club qui lui offrira une meilleure plateforme pour ses dernières années de gloire. Ounahi, quant à lui, a fait l’objet de nombreuses demandes.
Les stars marocaines accueillies au pays
« Nous avons eu des approches de grands clubs et de clubs de taille moyenne », a déclaré le président d’Angers Said Chabane à la chaîne de télévision française RTL. « Ils viennent de partout : Italie, Espagne, Angleterre, France. »
Le plan d’Angers, a ajouté Chabane, serait un accord de vente pour l’été 2023, avec Ounahi restant à Angers en prêt pour le reste de cette saison.
Angers a besoin d’Ounahi. Ils sont derniers de la Ligue 1, déjà à cinq points de la relégation. Mais le club a également besoin de liquidités, étant soumis à des restrictions strictes sur ses dépenses par l’organisme qui surveille et contrôle les finances des clubs dans le football professionnel français. Une offre représentant un gros bénéfice sur Ounahi, qu’Angers a signé pour moins de 100 000 euros, sera probablement irrésistible, même si elle est faite sans accord de prêt.
Le retrait de Boufal, l’un des joueurs les mieux payés d’Angers, de la masse salariale et l’obtention d’une indemnité de transfert – le club espère 10 millions d’euros – soulageraient également les pressions financières.
Chabane a admis : « On ne peut jamais garder un joueur qui veut partir », et il reconnaît l’ambition d’Ounahi.
Les prétendants les plus ardents seraient Leicester City. Chabane a fixé un prix optimiste de 45 millions d’euros, bien que des offres de 25 millions d’euros et plus seront considérées favorablement. En raison de la période inhabituellement courte entre la fin de cette Coupe du monde – qui se déroule en hiver et se termine deux semaines avant la plus courte des fenêtres de transfert du calendrier, avec seulement janvier pour conclure des transactions – il y a une urgence supplémentaire pour faire avancer les négociations.
Le chemin du Maroc vers la demi-finale
À la Fiorentina, où Sofyan Amrabat, 26 ans, est sous contrat jusqu’en 2024, les demandes de renseignements se font également entendre. La superbe Coupe du Monde d’Amrabat en tant que pilier de l’entrejeu marocain a suscité l’intérêt des clubs anglais qui avaient déjà identifié l’énergie et la force d’Amrabat comme convenant à la Premier League.
Antonio Conte, l’entraîneur de Tottenham, était déjà un admirateur lorsqu’il entraînait l’Inter pendant deux des trois saisons et demie d’Amrabat en Italie. Le joueur serait enthousiasmé par l’intérêt apparent de Liverpool à son égard. L’Atlético de Madrid est également intéressé, bien qu’il n’ait pas l’intention de se lancer dans une vente aux enchères à hauteur de l’estimation de la Fiorentina, qui est de plus de 50 millions d’euros.
D’autres héros plus établis du parcours historique du Maroc sont recherchés. Le capitaine Romain Saiss, qui n’a quitté les Wolverhampton Wanderers pour le Besiktas qu’au mois d’août, serait la cible de Lille (France) et de Valence (Espagne).
Le vice-capitaine marocain Hakim Ziyech est retourné à Chelsea, où il était ouvert à un transfert cet été, plus déterminé à ce que s’il continue à voir aussi peu d’action en équipe première qu’il l’a fait dans les trois premiers mois de la saison du club – un seul départ en Premier League sur une possibilité de 13 – Chelsea devrait envisager de laisser leur demi-finaliste de la Coupe du Monde explorer des alternatives.
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